Auteur: David BensoussanAvant proposComment aborder le livre d'Isaïe ? Ce livre abonde en réprimandes et en prophéties de malheur envers le peuple d'Israël, mais fait aussi état de la prophétie de retour d'exil, de la paix et de l'espoir messianique. Le vocabulaire est riche et la verve percutante. Les images fortes se succèdent à grand rythme avec grande intelligence. Le sarcasme et la révérence s'alternent. Les sujets et les thèmes abondent, les évènements historiques sont relatés dans des cadres géographiques précis. Cette profusion de thèmes enchevêtrés, de remontrances et d'espoirs de rédemption laisse le lecteur sur sa faim tant il est difficile de s'en faire une image d'ensemble qui soit précise et cohérente.![]()
Il est important de préciser l'esprit dans lequel les thèmes du livre d'Isaïe sont analysés. Nous avons fait la lecture du livre d'Isaïe en tentant de la faire correspondre à l'histoire. Lorsque les spécialistes veulent diviser le livre d'Isaïe en auteurs distincts, ils ne s'accordent que sur les grandes lignes. En effet, la datation exacte de la rédaction du texte et sa partition attribuée à des auteurs ou à des époques différentes sont loin de faire l'unanimité des chercheurs. Aussi, vouloir attribuer les thèmes du livre d'Isaïe à des périodes historiques rigoureusement définies constituerait une tâche monumentale.
Par contre, étudier les thèmes du livre d'Isaïe considéré comme un tout permet de mieux apprécier l'impact de ce livre au long des siècles. Tout comme l'approche documentaire de la Bible ne fait pas l'unanimité des chercheurs, nous considérons qu'en ce qui concerne les thèmes, c'est la Bible avec ses récits non linéaires, ses redondances et sa poésie qui a fasciné l'humanité jusqu'à ce jour. C'est donc cette lecture qui est proposée. Elle s'inscrit dans le giron de l'exégèse et des homélies rabbiniques. L'esprit du texte en son entier tout comme celui de la Bible hébraïque dans sa totalité est celui qui a fait vibrer les commentateurs et de fait, ce sont les nombreuses interrelations entre les livres de la Bible hébraïque qui ont modelé des conceptions en propre et forgé l'échine de la résistance morale d'Israël pour faire face aux vicissitudes de l'histoire. C'est dans cette tradition que l'auteur a été formé et c'est dans cette tradition qu'il invite le présent lecteur à s'imprégner du livre d'Isaïe. Il sera fait référence, non seulement aux prophètes qui ont précédé Isaïe, tout comme Amos et Osée mais aussi à l'ensemble du corpus de la Bible hébraïque. Nous verrons que cette approche particulière à la lecture du livre d'Isaïe en étayera grandement la compréhension, bien qu'il reste encore de nombreux passages qu'il est difficile de rendre avec un sens unique en raison de la polysémie des termes employés ou encore de la difficulté de pénétrer la pensée d'Isaïe. Le livre d'Isaïe est gravé dans la tragédie. Le génie d'Isaïe est d'avoir réussi à réinsuffler une énergie nouvelle basée sur un idéal de justice sociale et d'avoir ranimé les tisons de l'espoir de la rédemption d'Israël, espoir transcendé à la vision de paix et de justice universelles pour l'ensemble de l'humanité. L'approche proposée dans la présente étude consiste à introduire le personnage dans son contexte historique. Dans une seconde partie, les thèmes qui parcourent le livre seront revus par le détail. Dans une troisième partie, les 66 chapitres formant le livre d'Isaïe seront résumés et commentés. Enfin, des remarques sur l'ensemble de l'oeuvre suivront. Ci suivent les paramètres généraux du présent commentaire d'Isaïe. Le contexte historique : la contextualisation historique tente de situer dans le temps les évènements et les prédictions et de comparer les réalités vécues par les royaumes de Juda et d'Israël à celles des peuples de l'Orient Ancien. L'homme et son message : le personnage Isaïe sera présenté dans une seconde partie afin d'esquisser sa personnalité et mettre en exergue l'ampleur d'un personnage qui vécut à contre-courant de sa société durant des moments critiques de sa nation. Les thèmes du livre d'Isaïe : L'objectif présentement visé sera de présenter la morale, les espoirs, les déceptions et les visions d'avenir d'Isaïe en se référant au besoin au texte et au contexte de la Bible hébraïque dont bien des thèmes sont intimement reliés au texte d'Isaïe. Lecture du livre d'Isaïe : l'objectif sera de paraphraser le texte. D'une part, le langage d'Isaïe est extrêmement sophistiqué; de l'autre, il est parfois difficile de pénétrer sa pensée. Aussi nous n'hésiterons pas à donner plus d'une explication à ses propos lorsque le besoin s'en fera ressentir ou encore à nous en tenir à la traduction fidèle de certains passages pour mieux en exprimer le sentiment poétique. Le plus clair du temps, il est difficile de procéder à une synthèse systématique des écrits d'Isaïe, parce que des impressions fortes s'y entrechoquent et qu'il traite de plusieurs thèmes tout à la fois. L'auteur est conscient qu'il trahit l'intégrité du texte en le paraphrasant. L'objectif recherché est une propédeutique qui facilite la compréhension du livre d'Isaïe, prélude à une relecture du texte, dans la langue d'origine de préférence. Bien que la datation rigoureuse de la rédaction du livre d'Isaïe soit extrêmement difficile à établir, nous pouvons néanmoins avancer que le livre d'Isaïe décrit des réalités que l'on peut situer dans trois périodes historiques et que l'on fait généralement correspondre à trois auteurs : Isaïe ou Proto-Isaïe, Second Isaïe ou Deutéro-Isaïe et Trito-Isaïe. Les chapitres 1 à 39 sont attribués à Isaïe, aussi dénommé Proto-Isaïe et rapportent des évènements au temps de l'hégémonie assyrienne au cours de la seconde moitié du VIIIe siècle. À cette époque, le royaume d'Israël fut détruit et ses habitants exilés; le royaume de Juda fut saccagé, Jérusalem échappant de justesse à la destruction. Les chapitres 40 à 56 transposent le lecteur au milieu de VIe siècle à l'époque de l'hégémonie babylonienne, soit à près d'un siècle et demi plus tard, jusqu'à la chute de Babylone aux mains des Perses. Ces chapitres forment le Deutéro-Isaïe. Le prophète s'adresse aux exilés judéens de Babylone et cherche à les convaincre de ce que le retour à Sion autorisé par le roi de Perse Cyrus fait partie des promesses de la rédemption divine. Enfin, les chapitres 57 à 63 forment le Trito-Isaïe. Il y est fait état de la dure réalité qui attendit les Judéens revenus à Sion (chapitres 56 à 66), soit au cours des décennies qui suivirent l'édit du roi de Perse Cyrus de l'an 538. C'est au lecteur qu'il incombera de savoir qu'il s'agit des périodes propres au Proto-Isaïe, au Deutéro-Isaïe ou au Trito-Isaïe, d'après le numéro du chapitre cité. Bien que ce texte vise à expliciter le texte d'Isaïe sans recourir à l'exégèse biblique traditionnelle, l'auteur développera dans une annexe quelques interprétations allégoriques qui ont le mérite d'élucider le texte et d'en mettre la cohérence en valeur. Dans cet ouvrage, toutes les dates remontent avant l'ère courante à moins qu'il n'en soit autrement stipulé. Le contexte historique est esquissé pour mieux situer les évènements rapportés dans le livre d'Isaïe. Pour plus de détails, le lecteur est invité à consulter les trois tomes de l'ouvrage La Bible prise au berceau (David Bensoussan, les Éditions Du Lys, Montréal, 1998) riches en détails sur les croyances et les us et coutumes des anciennes civilisations de l'Orient Ancien. Le terme générique Dieu peut avoir diverses connotations auprès des lecteurs. Quand il cite la Bible, l'auteur préfère le terme d'Élohim ou d'Él qui représente les multiples expressions de la manifestation de la divinité unique tandis qu'YHWH symbolise l'expression en propre de la divinité pour Israël, conformément au sens donné par les versets bibliques suivants : « Tes peuples suivront leur Élohim, et nous suivrons YHWH notre Élohim (Michée 4-5) » et « Écoute Israël, YHWH est notre Élohim, YHWH est un (Deutéronome 6-4) ». L'expression YHWH Tsévaoth ou YHWH des armées (célestes ?) fait généralement référence à YHWH maître de l'univers ou simplement au Tout-Puissant. Le terme Israël se rapporte à l'ensemble des Enfants d'Israël. Or, le royaume unifié d'Israël se divisa en deux royaumes distincts à la mort du roi Salomon. Lorsqu'il sera fait mention du royaume d'Israël ou royaume d'Éphraïm, l'auteur se référera au royaume des dix tribus du Nord alors que le royaume du Sud ou royaume de Juda fait référence au royaume constitué par les tribus de Judah et de Benjamin. Le terme Israël non précédé du mot royaume fait référence à l'ensemble des Enfants d'Israël. Enfin, la version française du texte se fonde, sans y souscrire inconditionnellement, à la traduction du Grand-Rabbin Zadok Kahn. De façon générale, l'agencement des paragraphes interprétés suit celle qui est proposée dans le commentaire magistral de l'Institut du Rav Kook édité par Amos Hakham. Il a comme avantage de présenter le texte en thèmes et en sous-thèmes de façon cohérente. Cependant, attendu que l'auteur ne fait que paraphraser le texte du livre d'Isaïe, le lecteur devra se munir du texte original de façon à pouvoir situer avec précision le verset auquel l'auteur fait référence de même que les recoupements qu'il fait avec le corpus de la Bible hébraïque. Les annexes comportent des compléments d'information. Des repères chronologiques présentés sous forme de tableaux faciliteront la lecture du présent ouvrage. L'auteur espère que cet ouvrage pourra servir d'introduction à la lecture du livre d'Isaïe. Celui-ci a revêtu une importance toute particulière dans la survivance d'Israël dans l'histoire. Certains chapitres et passages du livre d'Isaïe occupent une place toute spéciale dans la liturgie juive. La découverte des rouleaux d'Isaïe dans les manuscrits de la Mer Morte rédigés entre les IIIe et Ie siècles (Annexe I) témoignent de l'influence majeure du livre d'Isaïe il y a plus de deux millénaires. Le livre d'Isaïe communique une vision d'une finalité des temps porteuse d'un espoir de paix universelle, vision qui rallie l'ensemble des nations. L'auteur tient à remercier Raphael Benshoshane et Charles Dadoun pour leur lecture critique et les conseils prodigués tout au long de la rédaction de cet ouvrage.
Extrait - Les chapitres de la consolationPour mieux apprécier l'intensité émotive des chapitres de la consolation dans le contexte de la réalité qui prévalait alors, le lecteur est invité à parcourir les ouvrages de la Bible du temps du Proto-Isaïe : le Livre des Lamentations dans lequel la ruine politique, sociale et religieuse de Jérusalem, la démolition de ses remparts et le viol de son sanctuaire sont décrits de façon poignante ; la situation semble désespérée : « Qui te consolera, vierge, fille de Sion ? (Lamentations I, 13). » Le psaume 137 décrit la détresse des Judéens exilés à Babylone qui font le serment d'allégeance à Jérusalem (Psaumes 137-5). » Jérémie, le prophète martyr bafoué, emprisonné, condamné à mort, symbolise l'état de la nation judéenne en son temps. Suite à l'assassinat du gouverneur Gedaliah et probablement par peur des représailles babyloniennes, il se joint à une caravane de Judéens en direction de l'Égypte. Il continue d'y lutter contre l'adoption de l'idolâtrie égyptienne. Il conseille aux expatriés judéens à Babylone de bâtir des maisons, de planter des jardins et de contribuer à la prospérité de la ville (Jérémie 29-5 à 29-7), sans pour cela cesser d'espérer le retour des exilés. Dans une série de prédictions, le prophète Ézéchiel annonce un temple renouvelé et un retour des exilés quasi utopique. Les prophéties du Proto-Isaïe résonnent encore chez les exilés. C'est dans ce contexte que le Deutéro-Isaïe va trouver les mots pour faire renaître en eux l'espoir, espoir insensé si l'on considère la misère des exilés, la patrie dévastée et la toute-puissance des Babyloniens sous Nabuchodonosor. Il annonce aux rescapés de Juda que la rédemption est en voie de s'accomplir (sous le règne de Cyrus).
Comment s'y prend-il ? Son discours commence par ces mots de réconfort : « Consolez, consolez Mon peuple. » La prophétie ordonne de frayer un chemin « pour notre Élohim » à travers le désert, car « la bouche d'YHWH a parlé. » Il souligne ensuite l'omnipuissance divine qui va au-delà de l'imagination : « D'après qui pourriez-vous M'imaginer et à qui ressemblerai-Je ? (40-18 ?) » Il commence par adresser son discours à Jérusalem et Sion puis à Jacob (Israël) qui représente l'ensemble des tribus d'Israël et non seulement celles du royaume de Juda (40-27) : « Toi, Israël, mon serviteur, Jacob que J'ai choisi, postérité d'Abraham qui m'aimait (41-8). » Israël est qualifié de serviteur d'YHWH (41-8 à 41-9) et à ce titre, il n'a rien à craindre. Dans les versets 42-1 à 42-4, le serviteur d'YHWH est une personne pénétrée de l'esprit d'YHWH. Les nations accourront vers lui. Isaïe annonce l'avancée fulgurante d'un roi venu d'Orient, Cyrus, et en même temps la déconfiture des ennemis d'Israël. YHWH prend la main droite d'Israël. Isaïe aborde ensuite le thème de la floraison du désert. Isaïe annonce la venue d'un énigmatique serviteur (42-1) qui établira le droit sur la terre qui exultera alors d'un chant nouveau (42-10). YHWH fera marcher les aveugles sur une voie nouvelle. Qui sont ces aveugles ? Ceux qui refusent de voir ou de prévoir le triomphe libérateur du roi de Perse Cyrus. Aussi Isaïe s'écrie-t-il : « Sourds, entendez ! Aveugles, regardez pour voir ! (42-18). » Il rappelle que le Tout-puissant est également le créateur d'Israël : « Maintenant, ainsi parle YHWH, ton créateur, ô Jacob, celui qui t'a formé, ô, Israël (43-18) » et rassure : « Ne crains rien, car Je suis avec toi. D'Orient Je te ferai revenir, de l'Occident Je te rassemblerai. » Le rassemblement des exilés prédit s'adresse à l'ensemble de la postérité d'Israël et non pas seulement aux exilés de Jérusalem ou de Juda à Babylone. Toutes les nations reconnaîtront qu'Israël est le témoin d'YHWH (43-9 à 43-12). Le nouvel exode ne reproduira pas l'ancien : YHWH va faire du nouveau. Isaïe rappelle l'ingratitude d'Israël (43-22 à 43-28), mais rassure encore : « Sois sans crainte, ô Jacob, mon serviteur Israël que j'ai choisi (44-1). » Des membres d'autres nations se joindront alors à Israël. Isaïe rappelle à nouveau l'infinitude divine : « Je suis le premier et Je suis le dernier… Qui est semblable à moi ? (44-7);… C'est moi YHWH qui ai tout fait (44-24). » Il fait état du rôle de témoin que joue Israël (44-8). Il se lance dans une longue satire contre les idoles et les fabricants d'idoles et avance : « Jacob, souviens-toi de ton Élohim ! Je t'ai formé, tu es Mon serviteur, Israël, Je ne t'oublierai pas ! (44-21) » avant de célébrer un hymne de joie de la nature : « Cieux, criez de joie… Montagnes, éclatez de cris… Car YHWH a racheté Jacob et manifesté sa gloire en Israël ! » À ceux qui craignent que YHWH n'a pas pardonné leur infidélité, Isaïe précise qu'YHWH n'a jamais signé de lettre de répudiation. La prédiction d'Isaïe relative à la déchéance de Babylone se confirme : Babylone est capturée par Cyrus roi de Perse et ses recours aux mages et astrologues furent vains. C'est l'occasion pour Isaïe de rappeler qu'YHWH est maître de du futur : « Je révèle dès le commencement l'avenir, et d'avance ce qui n'est pas encore accompli (46-9) » avant de revenir à la promesse première : « J'accomplirai mon salut pour Sion, ma magnificence pour Israël (46-13) ! » Pour Isaïe, Cyrus est un roi qui a été oint et consacré pour réaliser la prophétie du retour. Il précise néanmoins que YHWH est la seule divinité, se distançant peut-être de la sorte du dualisme de la religion d'Ahura Mazda : « YHWH l'unique qui crée la lumière et l'obscurité, qui établit la paix et crée le mal (45-7). » C'est aussi YHWH qui a suscité la victoire de Cyrus (45-13). Ainsi les peuples reconnaîtront que c'est en Son peuple méprisé qu'YHWH est caché (45-15) ; le triomphe d'YHWH sera universel (45-22) et Israël sera victorieux et glorieux par YHWH (45-25). Isaïe réitère qu'YHWH agit seul. Même si Israël s'entête dans l'obstination, YHWH n'en détournera pas Sa face. Isaïe conclut : « Sortez de Babylone… YHWH a racheté son serviteur Jacob (48-20) ! » Isaïe déclare être le serviteur d'YHWH : « YHWH m'a formé dès le sein pour être Son serviteur, pour que je Lui ramène Jacob que je Lui rassemble Israël (49-5). Mais la mission est destinée à être universelle : « Je veux faire de toi la lumière des nations Mon instrument de salut jusqu'aux confins de la terre (49-6). » Un long poème suit, relatif au retour des exilés exaucé sous la houlette divine. Les exilés sont comparés à un troupeau conduit par un berger (49-10). Ces relances répétées d'Isaïe laissent transparaître qu'il soit excédé devant l'attitude dubitative ou insensible des exilés. Le troisième chant du serviteur décrit comment il a été bafoué et persécuté : « J'ai tendu le dos à ceux qui me frappaient, la joue à ceux qui me tiraillaient… (50-6) » Stoïque, il tient bon, car YHWH est avec lui : « YHWH Élohim me vient en aide, aussi n'ai-je plus été outragé (50-7). » Ses adversaires périront. Il invite à la réflexion les fils d'Abraham : « Regardez vers Abraham votre père, et vers Sara qui vous a enfanté (51-2) » et enchaîne : « Oui, YHWH a pitié de Sion, il a pitié de toutes ses ruines (51-3). » Il ajoute qu'YHWH donnera Sa loi à tous les peuples : « Ma justice luira comme la lumière des peuples (51-4). » Puis vient l'exultation ultime : « Réveille-toi, réveille-toi ! Pare-toi de ta force, Sion ! Revêts tes habits les plus magnifiques, Jérusalem ville sainte (52-1) ! » Suit le passage du serviteur souffrant qui expie les péchés sans protester (53). Bien que condamné, il aura néanmoins une postérité nombreuse et ce passage pourrait esquisser la destinée de martyre du peuple d'Israël avant l'ultime rédemption. Suivent enfin des poèmes à la gloire de Jérusalem : l'abandon divin n'aura duré qu'un court intervalle (54-7). Jérusalem resplendit dans toute sa gloire, couverte de pierreries (54-12). Le nom de « ville de justice, cité fidèle (1-26) » sera alors porté en toute dignité aux yeux de l'humanité. Le discours du Deutéro-Isaïe s'inscrit dans la continuité historique dont Israël est l'héritier : allusions à l'Éden, évocation du déluge, de l'épopée d'Abraham et de Sarah, de l'Exode et de la traversée de la Mer Rouge et, en bout de ligne, l'alliance éternelle qui sera ultimement conclue entre YHWH et Israël. Les versets suivants précisent l'ultime destinée d'Israël et de Sion : « Écoutez-moi et votre âme vivra (55-3)… Cherchez YHWH pendant qu'Il est accessible ! Appelez-le tandis qu'Il est proche ! Que le pervers abandonne sa voie et l'impie ses machinations, qu'il revienne à YHWH qui le prendra en pitié, car Il prodigue son pardon (55-6)… Car avec joie vous vous mettrez en marche… et ce sera pour YHWH un titre de gloire, un monument éternel et impérissable (55-12 à 55-13)… Lève-toi, resplendis, car ta lumière est venue, et la gloire d'YHWH rayonne sur toi (60-1)… YHWH est qualifié de Saint d'Israël. La rédemption n'est pas seulement un retour à la terre ancestrale, mais un retour à des valeurs transcendantes de morale et de pureté accompagnées du pardon des fautes commises. « Certes, je l'ai établi comme un témoin pour les nations (55-4). » Les peuples seront témoins de ton triomphe et les rois de ta gloire (62-2). Cette vision a donné un sens à l'avenir de l'humanité et a fait germer dans les coeurs l'espoir d'une ultime paix universelle. |
Le livre «LE LIVRE D'ISAÏE - LECTURE COMMENTÉE» est publié aux Éditions Du Lys![]() |