La mariée trône sur le Talamon, siège nuptial, de l'espagnol talamo, fauteuil-; l'usage a été importé d'Espagne par les megorashim - expulsés de Castille-. Maquillée, parfumée, parée d'or et de pierres précieuses, resplendissante dans son costume d'apparat, la grande et somptueuse tenue appelée el-keswa el-kbira dont les pieces maîtresses sont les suivantes : guimpe en velours brodé d'or ( ktef ) ; corsage en velours grenat ou vert, rehaussé de galons d'or et de boutons d'argent (ghonbaj) ; jupe de velours de la même couleur (zeltita) , chargée de galons d'or et sous laquelle se cachent de nombreux jupons (sayat ) ; ceinture large et raide de velours brodé d'or et de perles (hzam ou mdamma) ; babouches brodées d'or (serbil); amples manches en voile de soie brodée (kmam et-tesmira) ; coiffe en couronne chargée de perles, d'émeraudes, de rubis, de pièces d'or, etc... (khmar ou swalef) ; longue écharpe en belle soie qui fixe les cheveux (festul), foulard de soie blanc ou vert, (sebniyya) que l'on recouvre d'un léger voile blanc (elbelo de l'espagnol velo) abaissé sur le visage. (Haïm Zafrani - Mille ans de vie juive au Maroc)

Près d'un siècle plus tard, nos filles Aviv et Yaël portent à l'occasion de la cérémonie de la Hina, cette somptueuse Kswa El-Kbira qui appartenait à Massuda Bensoussan née Tedghi, gracieusement prétée par sa petite-fille. El-keswa el-kbira, était la robe de mariée "homologuée" et ce jusqu'à l'avénement du protectorat français. Détrônée par la robe blanche, elle devint l'habit réservé à la soirée de la Hina. Ce splendide élément de la civilisation espagnole, emporté par les expulsés d'Espagne, Juifs comme Musulmans, disparut avec le temps des coutumes de ces derniers, et demeura uniquement dans la tradition Juive Sépharade.