Une véritable relique que ce document, magistralement scanné et gracieusement
envoyé par
Marcel Bensoussan
, un des neveux de Mlle.
Simy Chriqui
, qui en était la dépositaire.
Il a été réalisé sur parchemin à Mogador en Novembre 1913 (Heshvan, 5674) par Eliahou fils de R. Haïm Benoualid, artiste expert en écriture de la Thora, à l'intention de Eliahou Chriqui décédé en 1937 et dont l'ascendance paternelle remonte aux «Nisrafim d'Oufrane», les brûlés d'Oufrane (voir en bas à gauche du document). Cette page est donc à la mémoire de l'éducatrice née qu'était Mlle. Simy Chriqui, et ravive les réminiscences que notre génération a des martyrs d'Oufrane.
À la fin du XVIIIe siècle et compte tenu de la faiblesse du gouvernement central, un chef local nommé Bouhalassa qui cherchait à être proclamé sultan, est arrivé à Oufrane. Il imposa à 50 notables de la communauté juive locale un choix effroyable: se convertir à l'Islam dans la huitaine ou monter sur le bûcher. Aucun ne se convertit et montèrent tous sur le bûcher. Rabbi Yehuda Ben Naftali Afriat qui était à leur tête resta jusqu'à la fin, afin d'encourager ceux qui faiblissaient. Les restes de ces martyrs, connus sous le nom de «Nisrafim d'Oufrane», ont été pieusement recueillis et inhumés dans le cimetière d'Oufrane. Le récit de leur martyre a été consigné soit sur parchemin (comme ici), sous forme de talisman ou de document diffusé dans tout le pays et dans lesquels on peut lire « Heureux sont les Justes », « Tombeaux des Justes » ou « Les Cinquante Justes ». Une étymologie populaire explique même le nom Oufrane comme une combinaison de efer (les cendres) et la lettre noun (= 50). Après cette persécution, les membres la communauté juive se dispersèrent, notamment vers Mogador où ils y ont joué un rôle important. |