Le bleu de Mogador...(*)
La couleur de ses premières années… Né en 1945 dans cette charmante cité fortifiée du sud du Maroc, devenue plus tard Essaouira, Victor (Haïm)Sasportas est profondément marqué par les souvenirs d’une enfance choyée, passée sur les bords de l’Atlantique. Il n’y a qu’à voir son visage s’illuminer dès qu’on lui parle de Mogador…
“Dans tout ce que je peins, Mogador est présente !” C’est là-bas, face à l’océan, qu’il manie pour la première fois le pinceau. Ce lieu le touche, l’inspire. Ce flot d’images et de sensations ne le quittera jamais. “Mon cartable était rempli de crayons. Je dessinais des paysages de bleu, de blanc, d’ocre”, se souvientil. Plus tard, les Sasportas s’installeront dans le Sud-Ouest de la France. Après Toulouse, dont il garde une légère pointe d’accent et un faux air de Claude Nougaro aussi, peut-être, Victor Sasportas monte à Paris. En 1968, il est spectateur des événements de mai depuis sa chambre de bonne du quartier latin, où il s’est aménagé un petit atelier…

Le temps retrouvé
Ses premières oeuvres sont toujours là. Elles ont trouvé l’écrin du petit salon-bibliothèque de la maison de Vanves, où il s’est installé avec sa famille il y a maintenant plus de vingt ans. Une maison qu’il a luimême “façonnée”. Depuis trois ans, il y passe le plus clair de son temps consacré à la peinture. Avant cela, il n'avait quasiment pas touché un pinceau pendant quarante ans d'une vie active très, ou trop, intense. "Ma passion a été étouffée par un travail prenant. J'étais malheureux, j'éprouvais un réel manque", reconnaît-il aujourd'hui. Suite à une réflexion sur le sens de la vie, l'artiste a décidé de reprendre le dessus et de se libérer du temps pour ce et ceux qu'il aime : sa famille, la peinture, l'art, les antiquités, les voyages… Un épisode douloureux le conforte dans sa détermination à profiter de chaque instant. "C'est en vieillissant qu'on apprend à rester jeune…"

Ses Tulipes au Louvre
Fasciné par Manet, Courbet mais aussi par Nicolas de Staël, Klee…, Victor Sasportas se définit lui-même comme un “classique contemporain, un toucheà- tout”. Formes abstraites, paysages pittoresques, compositions florales… Il peint “comme ça vient”, au gré de ses envies et sans autre style que le sien. “J’aime voir, observer, capter, décrypter, décoder… Et reproduire ce qui me passe par la tête !” Il aime apprendre aussi. C’est ce qui l’a amené à participer à plusieurs ateliers, quelques expos et à pousser la porte des Beaux-Arts, le temps de réaliser quelques croquis. Fin 2008, il a été invité à exposer dans deux salons prestigieux au Grand Palais et au Carrousel du Louvre. Une expérience stimulante. “Voir une de ses oeuvres retenue par un jury et exposée parmi d’autres ne laisse pas indifférent. Cette expérience me motive pour aller plus loin”. Pour aller plus loin, le Vanvéen a un autre projet qui lui tient à coeur : s’investir au sein d’une association en rapport avec l’art et oeuvrant auprès de jeunes et d’enfants. Parce qu’”être utile aux autres, c’est aussi ça le bonheur !”

Journal de Vanves N0226 - janvier 2009 [Top]